A l'origine productrice et scénariste de films comme « Train de nuit » Diao Yinan,  « Longing for the rain » de Yang Lina ou encore le tout récent film de Diao Yinan « Black coal thin ice » primé à Berlin, Vivian Qu marque avec « Trap street » son passage à la réalisation. Elle en signe également le scénario.

Cela débute comme une romance…

Li Qiuming est un stagiaire pour une compagnie de cartographie. Chaque jour il parcourt les rues de Nankin pour mettre à jour les cartes de sa société. Un jour alors qu’il est en patrouille et prend des mesures avec son collègue plus âgé, il aperçoit une jeune femme à un carrefour. Celle-ci très séduisante attire tout de suite l’attention du jeune homme, mais celle-ci s'engouffre assez vite dans une allée. A partir de cet instant Qiuming n’aura pour but que de la retrouver.

« Trap street » (水印街) débute de façon assez classique par une rencontre, la curiosité d’un jeune homme pour une jeune femme mystérieuse. Agréablement mise en scène, l’histoire rapproche lentement les deux protagonistes et dirige le film vers la romance. La ténacité et l’audace de Qiuming va se confronter au caractère froid mais envoûtant de Guan Lifen interprétée par He Wenchao (何文超). Le jeune Qiuming est interprété par Lu Yulai (呂聿來), que l’on a déjà pu voir dans « The red awn » (紅色康拜因) ou encore dans « Ici, là-bas » (這裡 那裡), un acteur habitué aux films d’auteurs. Ce très bon casting porte brillamment cette première partie du film.

Lu Yulai et He Wenchao dans « Trap street »
Lu Yulai et He Wenchao dans « Trap street »

…et se termine dans un univers kafkaïen

Malgré tout certains éléments ont déjà commencé a semer le trouble chez le spectateur, la rue dans laquelle travaille Lifen n’existe sur aucune carte et sur ordre de ses supérieurs ne peut être ajoutée aux cartes que la société de Qiuming édite. Ces différents éléments bien évidemment ne font qu’attiser la curiosité de ce dernier.

Alors que Qiuming et Lifen sont des plus proches, l’histoire bascule, et sans dévoiler les tenants et les aboutissants de la suite du film, l’histoire devient plus sombre et plus kafkaïenne. Qiuming est passé dans l’envers du décors. C’est alors l’opacité de l’administration chinoise actuelle qui est montrée du doigt. La réalisatrice ayant déjà témoigné que des personnes de son équipe de tournage ont vécu ce genre d'expérience.

Cette deuxième partie est plus déroutante, comme si on voulait rester dans cette première partie si confortable. Elle en déconcertera plus d’un, même si elle est tout le propos du film. Qiuming en parallèle de son travail pose avec ses amis des caméras de surveillance pour différents commerces plus ou moins légaux afin de se faire plus d’argent et payer une dette à son père ancien membre du parti. Mais se rend-il compte que ce n’est pas seulement les autres qui sont surveillés et qu’il est déjà l’un d’eux ?

Bande annonce

La réalisatrice

La réalisatrice Vivian Qu
La réalisatrice Vivian Qu

Née en Chine, Vivian Qu (文晏) commence à travailler dans le cinéma à New York en 1998 au coté du réalisateur de documentaire américain Allan Miller comme productrice et scénariste, notament sur les documentaires « In search of Cezanne » et « Perlman in Shanghai ».

Revenue en Chine en 2003, elle travaille avec l’actrice réalisatrice Xu Jinglei sur ses deux premiers films, « My father and I » (我和爸爸) et « Lettre d’une femme inconnue » (一个陌生女人的来信) avant de se lancer de façon indépendante dans la production de films en Chine.

Sa première production « Portrait de femmes chinoises » (牛郎织女) de Yin Lichuan est sélectionnée à Cannes dans la Quinzaine des réalisateurs en 2008.

Voir un entretien de la réalisatrice au sujet de son film (en anglais).

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