Été 2012, il fait 40°, nous sommes à Wuhan (武汉) capitale de la province du Hubei (湖北). La jeune réalisatrice Zhu Shengze (朱声仄) enseigne la photographie dans une école primaire. L’ensemble de ses élèves sont des enfants de travailleurs migrants venus de la campagne chercher une vie meilleure en ville. La plupart des activités scolaires, par manque d’espace, se déroulent sur le toit de l’école dont les ateliers de photographie, mais Zhu Shengze va laisser les enfants emporter les appareils hors de l’école pour qu’ils puissent montrer leur environnement. Le documentaire est ainsi parsemé de clichés pris par les élèves avec leur nom et leur âge.
La réalisatrice va ensuite porter son attention sur Qin, une jeune fille de 12 ans, dont les conditions de vie et la cohabitation avec sa mère sont très difficiles, la crise d’adolescence n’aidant pas. Celle-ci en a marre de devoir supporter le poids de sa famille, de vivre dans une seule pièce étriquée à cinq tout près du chemin de fer, et va de caprice en caprice, se comparant sans cesse avec ses camarades qui ont plus qu’elle. Son téléphone et la télé semblent être ses principaux loisirs. Lorsqu’une tante vient rendre visite à la famille, Qin ne veut pas être présente sur les photos. Seul moment de plaisir pour elle, lorsqu’une de ses camarades de classe vient lui rendre visite, elles vont alors parler essentiellement d’un jeu en ligne où une vie virtuelle semble se dessiner.
Lents travellings et jeux sur l’exposition des intérieurs, Zhu Shengze n’oublie pas sa mise en scène et la photographie du film est très travaillée, les ensembles de tours de la ville embuée de Wuhan en deviendraient presque beaux.
Retour de la famille dans le village natal pour les vacances, la maison est à nettoyer, cela fait longtemps qu’ils n’ont pas occupé les lieux. La famille a plus d’espace, plusieurs pièces, ils peuvent enfin recevoir des amis convenablement. Les voisins reconnaissent les enfants qui ont beaucoup grandi. Les parents semblent pouvoir enfin prendre une pause. Mais Qin s’ennuie, elle préfère la ville, et déplore qu’il n’y ai plus de réseau pour son portable. Toutes ses envies sont maintenant en ville.
Zhu Shengze saisi ainsi le fossé entre les conditions de vie de Qin et ses espoirs contrariés.
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