Le film en une séquence

L'introduction, se déroulant vers la fin du règne de l'empereur. Lui et sa cour se sont déplacés pour une cérémonie sur le site des cascades Hukou (壶口瀑布) dans l'actuelle province du Shaanxi (陕西). Le lieu est spectaculaire, le nombre de figurants impressionnant, les costumes imposants et la musique à l'avenant, cette introduction plante le décor. L'empereur semble extrêmement fatigué et met du temps à réagir, allongé dans son char, ses serviteurs l'en sortent tant bien que mal. Tout ce beau monde est venu pour appliqué un décret décidé par l'empereur. Son administré, lui demande de chanter l'hymne de l'empire avant d'appliquer son décret, l'empereur s'exécute, sans qu'on puisse réellement entendre les paroles, mais dans un sursaut de colère insulte les musiciens, l'empereur a décrété la destruction de tous les instruments. D'immenses cloches sont envoyées au fond de la cascade déchainée.

Rien détonnant si l'on connait un peu l'histoire du premier empereur de Chine, à qui on attribue une brutalité sans borne, une expression est aujourd'hui encore utilisée pour décrire ses exactions lors de son règne, “Bruler des livres et enterrer des lettrés” (焚书坑儒).

Le film en un plan

L'un des derniers du film, sur fond de l'hymne du nouvel empire on y voit le roi, réaliser son rêve, agenouillé devant un immense chaudron en flammes, qu'il vient d'allumer avec une torche. Ce chaudron apparait comme le symbole de ce nouvel empire, ancêtre de la Chine d'aujourd'hui. Le nouvel empereur Qin Shihuang (秦始皇), le premier de la Chine, est en pleur et porte un somptueux costume ainsi que sa coiffe à franges (冕旒) qu'il aurait inventé ou popularisé selon les versions.

Le sacre de l'empereur
Le sacre de l'empereur

Le film en un personnage

Gao Jianli (高渐离) interprété par l’acteur Ge You, devenu talentueux joueur de guqin (古琴) et frère de lait du roi du royaume de Qin (秦) qui veut devenir le premier empereur de Chine. Le musicien sera kidnappé par le roi afin qu’il lui compose le premier hymne du futur empire, mais Gao Jianli hostile à ce qu’est devenu son « frère » qu’il juge si cruel va devenir son poil à gratter, il va tout faire pour anéantir les désirs du futur empereur, jusqu’à entamer une grève de la faim. C’est sans compter sur la fascination qu’entretient le roi envers Gao Jianli pour son talent mais aussi la détermination à obtenir son hymne.

Le personnage créé pour le film est inspiré du vrai Gao Jianli, qui ne jouait pas du guqin comme dans le film mais du zhu (筑), un instrument chinois aujourd’hui disparu. Avec son compère Jing Ke (荆轲) il pouvait passer des soirées entières à chanter, jouer et boire, mais lorsque l’armée du roi arriva aux portes de leur royaume Jing Ke fomenta l’un des assassinats manqués les plus célèbres de l’histoire chinoise. Cet échec força Gao Jianli à se cacher pendant plusieurs années ce qui n’empêchera pas le roi de le retrouver et de lui brûler les yeux afin tout de même de pouvoir profiter de sa musique, mais une tentative désespérée d’assassinat du musicien entraînera son exécution.

Le film en une idée

Se basant sur le fait que le premier empereur de Chine était un mélomane, le scénariste Lu Wei (芦苇), connu pour son travail sur de nombreux films tels que « Vivre » ou « Adieu ma concubine », a écrit cette histoire de frères de lait et d’hymne du premier empire de Chine, mettant en avant la puissance de la musique sur les esprits. A plusieurs reprises cette idée apparait comme lorsque le jeune Gao Jianli dit à son « frère » sur le point d'être exécuté, qu'il devrait l'écouter jouer afin que son exécution se passe sans douleur ou encore lorsque le roi répète sans cesse qu'un hymne permettra d'unir le peuple derrière l'empire.

Dans le film le père de Gao Jianli était lui même un musicien, on peut imaginer les deux enfants bercés par la musique dès leur plus jeune âge. Dès lors, le roi semble obsédé par la musique, il ira jusqu'à modifier l'ordre de ses conquêtes pour capturer Gao Jianli, et porte clairement une très grande importance à la diffusion de la culture dans son royaume, que ce soit la musique ou les livres. Le film se veut grandiose, la bande originale assurée par le compositeur Zhao Jiping (赵季平) est très bien utilisée et donne un souffle épique à l’histoire, en outre le film n’en est pas moins drôle, le duo Jiang Wen et Ge You fonctionne à merveille et les répliques sont souvent comiques.

Encore quelque chose…

Une scène du film fait comprendre qu’à l’époque de nombreux ouvrages sont interdits, ce qui peut faire écho à la politique du gouvernement chinois de l'époque. « The emperor's shadow » fût le film chinois le plus cher de l'année 1996 ce qui n'a pas empêché le film de faire les frais de la censure, puisqu'il a été retiré des écrans quelques mois lors de sa sortie, puis ressortie par la suite sans qu'on sache vraiment les raisons de ce retrait des écrans chinois.

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